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ECONUM Jean POULY

Jean POULY

Fondateur de ECONUM

La culture d’entreprise et le rapport au travail ont beaucoup évolué depuis les années 70. D’un système assez stable qui favorisait la fidélité à l’entreprise, perçue comme une seconde « famille », nous sommes passés à un système beaucoup plus volatile et flexible.

Les générations actuelles veulent changer d’entreprise tous les 2/3 ans.
Au-delà de la rémunération qui est de plus en plus secondaire dans leurs choix, les jeunes actifs recherchent des entreprises qui leur offrent du sens, une certaine liberté et de la qualité de vie au travail.

Dans ce contexte, le télétravail apparaît comme un levier intéressant pour permettre cette qualité de vie.
Prenons un exemple concret. Une entreprise industrielle basée dans un petit village perdu à plus d’heure du centre d’une grande métropole recherche un community manager. Après plusieurs mois de recherches infructueuses, elle décide de rajouter dans la fiche de poste la possibilité de télétravailler depuis le domicile ou d’un centre de coworking. Le poste est pourvu en deux semaines par un jeune de 25 ans avec un excellent profil. Le télétravail lui permet de garder son domicile au centre de la grande agglomération et de réduire ses déplacements de 40%.

Le secteur industriel, généralement installé à la périphérie des grandes agglomérations et souffrant parfois d’un déficit d’image auprès des jeunes générations, peut trouver dans le télétravail un nouveau levier d’attractivité. D’une autre façon, le télétravail peut aussi permettre à d’autres salariés, plus expérimentés, de quitter les centres villes pour s’installer en périphérie et accéder à des logements plus grands avec les familles qui s’agrandissent. C’est le cas de nombreux cadres qui veulent quitter la région parisienne et s’installer en province. Le télétravail 1 à 2 jours par semaine leur permet de garder leur emploi à Paris et de vivre en province. Il faut savoir que l’éloignement du lieu de travail est une cause importante d’épuisement professionnel et parfois de rupture de contrat. De plus en plus d’entreprises utilisent ainsi le télétravail pour renforcer leur marque employeur, attirer et fidéliser les talents. Surtout dans le domaine IT où le télétravail est facile à mettre en œuvre et où il existe une pénurie importante de développeurs.

On comprend donc l’avantage le plus évident du télétravail pour recruter ou fidéliser des collaborateurs qui seraient ou qui sont gênés par une trop grande distance pour aller travailler.
Mais ce premier bénéfice est trop restrictif. En effet, le télétravail doit être envisagé comme un premier pas qui révèle une autre façon de travailler, basée sur l’autonomie, la confiance et la flexibilité. Et ces valeurs sont très recherchées par les jeunes générations qui n’envisagent plus de travailler 8h par jour et 5 jours par semaine dans un bureau austère et surveillé par un petit chef.

Le télétravail est donc un véritable révélateur d’une nouvelle façon de travailler qui devient petit à petit une norme. Environnements de travail plus attractifs, plus fonctionnels, horaires et lieux de travail libres et flexibles, management par la confiance et au projet, souplesse, liberté et autonomie sont les nouveaux ingrédients de ces nouvelles formes de travail. C’est d’ailleurs pour ces raisons que les anglo-saxons préfèrent le terme de « smart work » à celui de télétravail, pour qualifier cette révolution du travail qui va de pair avec la révolution digitale. Les entreprises les plus en pointe dans la transition digitale sont souvent les mêmes qui adoptent ces formes de travail agiles et collaboratives car elles permettent plus d’efficacité et attirent les jeunes talents.

Si le point de départ de la mise en place du télétravail est souvent lié au recrutement ou à la fidélisation des salariés, on peut parier que son point d’arrivée est une meilleure adaptation des entreprises au défi de la transformation digitale pour des raisons de compétences et d’organisation.