ECONUM Jean POULY

Jean POULY
Fondateur ECONUM

La numérisation du travail, amorcée dans les années 80 avec l’informatisation puis dans les années 90 et 2000 avec la démocratisation d’Internet, du haut débit et des smartphones a permis à un actif sur deux de s’affranchir du lieu principal de travail et des horaires fixes. Autrement dit de travailler quand on veut et où l’on veut. Ces nouvelles possibilités permettent aux nombreux habitants des périphéries métropolitaines et rurales de travailler sur leur lieu d’habitation.

Ce levier du télétravail a depuis très longtemps été envisagé pour dynamiser les territoires mais de nombreux paramètres n’étaient pas encore arrivés à maturité :

  • connexion de mauvaise qualité,
  • peu de numérisation des processus de travail,
  • déficit de compétences numériques
  • pas de culture du travail à distance.

Aujourd’hui presque toutes les conditions sont réunies. Les entreprises et les particuliers sont de plus en plus connectés au très haut débit, la plus grande partie de la population dispose de terminaux de bonne qualité (ordinateurs, portables, tablettes, smartphones) et sait les utiliser, les entreprises ont engagé leur transformation numérique et le télétravail se pratique déjà massivement sans que les salariés s’en rendent compte.

En effet, le télétravail signifie « travail à distance » (tele veut dire loin en grec).

Quand j’envoie un mail depuis le siège de mon entreprise à un collègue ou à un client, j’effectue une tâche à distance. Donc je télétravaille. Mais en français le mot télétravail est généralement associé au travail à domicile, home office en anglais. Or on estime aujourd’hui qu’un actif sur deux effectue des tâches réalisables à distance avec des outils numériques connectés. Cela signifie que tout ou partie du travail de 50% des actifs peut se faire de l’entreprise, depuis un train, un centre de travail à distance (coworking) ou le domicile. Une véritable révolution !

Bien encadrée, cette façon de travailler à distance recèle de très nombreux avantages. Source de productivité, de concentration et d’une meilleure conciliation vie professionnelle et personnelle, c’est aussi un formidable levier pour éviter de longs et coûteux déplacements domicile-travail !

Dans l’agglomération lyonnaise, c’est près de 142 heures perdues dans les bouchons pour aller travailler qui pourraient évitées. Soit l’équivalent de 3 semaines de journées travaillées.

C’est aussi un moyen de redynamiser l’activité économique des territoires périphériques. La plupart des dix grandes métropoles françaises concentrent leur activité économique au coeur des métropoles et doivent faire face à des centaines de milliers de déplacements en voitures, de la périphérie vers le centre. Une hyper-mobilité qui génèrent de nombreux impacts négatifs : pollution atmosphérique, accidents, congestions automobile systématiques, difficultés de stationnement, etc. Dans le même temps, les territoires périphériques sont réduits à être des villes et villages « dortoirs » où les commerces et la vie sociale souffrent de cette situation. Grâce au télétravail à domicile ou dans des espaces de coworking qui se développent de plus en plus en périphérie des grandes métropoles, de très nombreux actifs peuvent désormais changer de vie. Cette démocratisation du télétravail permet notamment de favoriser l’installation de jeunes couples dans les périphéries des métropoles car le prix de l’immobilier est plus accessible qu’au centre-ville.

Les zones rurales bénéficient aussi du télétravail qui permet à des amoureux de la nature de s’installer à la campagne en gardant leur activité professionnelle. Des villages comme celui de Murat, dans le Cantal est souvent cité en exemple pour avoir facilité l’installation de nombreux foyers grâce au télétravail et à son centre de coworking.

Dans une France qui rêve de plus en plus de quitter les centres villes embouteillés et pollués, il est possible que la décennie qui commence connaisse l’âge d’or du télétravail.